Nébesna Fortin – agente de développement durable de la Cité Écologique
Dans beaucoup d’écovillages, le grand défi est de donner envie aux jeunes membres de rester pour s’impliquer dans leur communauté. Beaucoup de jeunes adultes ont envie de partir de leur écovillage pour expérimenter d’autres modes de vie. Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous mon expérience.
Je suis née dans un écovillage au Canada, appelé la Cité Écologique, où il existe un programme formateur et motivant pour les jeunes membres. Le but de celui-ci est de développer chez eux, une aspiration entrepreneuriat et de leadership. Pour moi et la plupart de mes amis, ce programme a été très fructueux.
L’idée initiale est de permettre aux jeunes de s’impliquer dans tous les aspects possibles de la communauté. Dés l’école secondaire, on est invité à participer aux activités d’une ou plusieurs entreprises de notre choix. Ces stages ainsi que de nombreux cours d’apprentissages pratiques nous apportent beaucoup de connaissances dans divers domaines de travail comme entre autres, la cuisine, la comptabilité, la couture, ou l’agriculture. Nous sommes encouragés à exécuter toutes les tâches d’un secteur et même à gérer intégralement des projets pour chacun, comme par exemple, préparer un repas au complet pour les membres de l’écovillage, une fois pas semaine. Je me souviens d’un de nos projets phares : s’occuper de trois serres en agriculture ! Oui, ce fut génial mais aussi un grand défi, et oui, à un moment donné, des plants ont cramés au soleil pour ensuite être noyés d’eau la semaine suivante ! Mais maintenant, je peux imaginer à quel point les responsables de l’agriculture avaient du nous faire confiance et être patients avec nous pour sacrifier leur production agricole… Leur seule et unique raison, étant bien sûr, de nous donner une expérience pédagogique !
La prochaine étape arriva à la suite de l’obtention de mon diplôme de secondaire 5. A 18 ans, j’ai eu l’opportunité de devenir responsable du secteur de la cuisine communautaire. J’étais vraiment heureuse d’avoir cette chance unique, et une fois encore, j’admirais le dévouement et l’acceptation dont faisaient preuve les adultes, me laissant expérimenter, prendre de l’assurance dans ce poste de responsabilités, tout en m’apportant un soutien permanent dans mes décisions. Cela a été ma première grande implication dans mon écovillage !
Parmi les autres personnes de mon âge, certains ont eu des postes de responsabilités dans nos entreprises comme celui de responsable de la création des nouveaux modèles pour la compagnie de vêtements écologiques Respecterre ou encore dans la gestion des nouveaux produits de Kheops. D’autres s’impliquèrent en comptabilité ou en pédagogie.
Avec les années, nous avons du, nous aussi, laisser nos postes pour que des plus jeunes apprennent eux aussi. Aujourd’hui, j’occupe la fonction de coordinatrice des stages et gère aussi, tout le développement touristique de la Cité Ecologique. Il y a quelques mois, en partageant un repas avec un de nos stagiaires et une élève du secondaire de notre école, celui-ci lui demanda ce qu’elle aimerait faire quand elle aurait fini l’école. Elle répondit spontanément, mélangeant joie et fierté : « Je veux le travail de Nébesna ! ». Alors oui, cela ne prendra peut-être pas beaucoup de temps avant que je transfère mes responsabilités et que je découvre un autre aspect de la communauté où je pourrais m’impliquer ! Je pense que c’est la meilleure chose qu’il puisse arriver : savoir qu’il y a toujours un jeune qui va pouvoir poursuivre ce que chacun à construit dans ce merveilleux projet.
Et concernant mon travail, nous verrons bien ce que la vie me réserve. Tant que je serai impliquée dans cet écovillage, je me sentirai à ma place… chez moi ! Car depuis le moment où j’ai vu le jour, j’ai été accueillie en tant qu’un membre à part entière de mon écovillage.
Au moment où nous parlons, ce sont les jeunes adultes qui ont grandi à la Cité Ecologique, qui gèrent les compagnies de l’écovillage, et qui siègent au conseil d’administration de l’écovillage. La plupart des enfants sont restés sur place et dirigent maintenant leur propre entreprise.