Mon intégration dans un écovillage

Camille MARTIN – Membre de la Cité Écologique depuis 2015

« Bonjour, je me présente, je m’appelle Camille Martin. J’ai 26 ans et il y a quatre ans, ma vie a changé quand j’ai débarqué, à la Cité Écologique de Ham-Nord.

Mais commençons pas le commencement, c’est-à-dire, en France, dans la plus merveilleuse ville (du monde !), Bordeaux. Les connaisseurs en vins ne diront pas le contraire ! Alors, je suis donc à Bordeaux, là où j’ai grandi depuis ma tendre enfance. Nous sommes en 2013, j’ai 22 ans, et je suis étudiante à l’Université Bordeaux 1, en Master Biodiversité et Ecosystème continentaux. Bon en gros, c’est une formation en biologie, écologie, qui aborde l’étude de la nature (à tous ses niveaux) et des changements climatiques. C’est donc, dans le cadre de cette formation, que je dois faire un stage de trois mois. Avec mon côté aventurière, qui m’a déjà amené dans des pays lointains – je pense, entre autres, à mon expérience au Bénin, une année auparavant, où j’étudiais une espèce de singe située dans une petite forêt isolée ; quelle aventure ! -, je mets donc, mon énergie, à chercher des stages à l’international.  À ce moment, mes talents linguistiques n’étant pas à leur meilleur, je découvre que le Québec, serait une bonne alternative de stage à l’étranger, mais francophone. Un pays occidental (les parents ne s’inquiéteront pas que je sois mangée par un serpent), ils parlent français (je ne me perdrai pas ! Fiou) et c’est sur un autre continent (il faut bien un peu d’aventures quand même !). Et en plus de ça, dans un écovillage ! Je ne sais pas vraiment ce que c’est à ce moment là, mais étant très tournée vers l’écologie, je suis très curieuse de découvrir ce concept !

C’est donc le 6 mai 2013, que je m’envole vers la belle province de Québec, seule, confiante qu’une fois encore, mes attentes seront comblées.

Dans le bus qui m’emmène de Montréal à la gare d’autobus de Victoriaville (où Nébesna Fortin, la responsable des stages, avec qui j’ai communiqué, doit m’attendre), je commence un journal de bord pour garder des souvenirs de mon séjour au Québec et j’écris ces quelques mots : « Dans une heure, je serai enfin arrivée dans ce mystérieux village et je pourrais commencer cette expérience qui va certainement marquée ma vie encore une fois ! ». Quand vous lirez ce qui suit, vous verrez que j’avais vu juste !

Arrivée à la Cité Écologique de Ham-Nord (à 30 minutes en auto de Victoriaville), Nébesna prend le temps de me faire visiter son écovillage. Elle a le même âge que moi et y a toujours vécu. Elle y a fait toute sa scolarité à l’école qui est sur le domaine, assurant du préscolaire jusqu’au secondaire 5. Elle me parle de cette école dans la nature, remplie de projets créatifs, vivants, de découverte de l’environnement, avec beaucoup d’applications concrètes ; une école où les évaluations englobent autant les apprentissages scolaires que le développement personnel de l’enfant dans ses talents, ses émotions et ses projets. Je pense alors à toutes mes années de scolarité, continuellement assise sur une chaise, à écouter un professeur parler, assommer d’informations, de notes, de stress … Je suis donc très attentive à ce qu’elle me raconte. Il faut savoir que la Cité Écologique a toujours fait de l’éducation des enfants et de leur bonheur une priorité.

L’écovillage, propose aussi, une expérience « post-secondaire », qui démarre après le secondaire 5 de l’enfant et qui consiste à faire des stages dans les différentes entreprises du domaine pendant environ deux ans : à la Ferme Bio-Maraîchère, à Respecterre (une entreprise de confection et de vente de vêtements écologiques), à Khéops (une entreprise de vente d’objets « cadeaux » symboliques), à l’école alternative, à la cuisine collective, en construction ou encore dans le volet éducatif du centre de formation et à l’accueil du public. Elle me fait donc découvrir toutes ces belles initiatives. Je rencontre un paquet de gens, tous plus souriants les uns que les autres !

Le domaine est vaste, fleuri, aménagé de petits chemins piétonniers entourés d’arbres divers et variés, avec des vues sur plusieurs monts ou collines lointaines… Je suis éblouie !

La visite se termine vers 17h et nous allons, par ce beau temps, jouer une partie de beach-volley avec les jeunes de l’écovillage. Le volley est mon sport préféré, je suis donc ravie ! Ce soir là, après 2h30 de jeu et une petite baignade dans une rivière proche, nous finissons la soirée autour d’un bon repas, à la « Casa », la maison des stagiaires. Je retiens les noms de Dobrina (22 ans, née aussi à l’écovillage), Ugo (25 ans, un nom à retenir, je vous en parlerai un peu plus loin), Svetlina (22 ans aussi et née à l’écovillage) et Jérôme (22 ans, stagiaire français comme moi, là pour quelques mois).

  

Je vais donc passer trois mois dans ce merveilleux écovillage. Je passerai toutes mes journées de semaine en stage à la ferme, étudierai des solutions pour les aider dans certains problèmes d’invasion de nuisibles (mon sujet de stage), mangerai tous les dîners à la maison communautaire où un somptueux repas végétarien nous est servi chaque jour et où je ferai mes premiers contacts avec la communauté, et profiterai de chaque soirée et fin de semaine, pour faire le plus d’activités communautaires possibles et créer des liens inoubliables.

8 mai 2013 : « Je n’arrive pas à croire que je suis ici. C’est une expérience vraiment incroyable. Dès les premiers jours, on se sent à sa place. Les gens sont tous tellement gentils et accueillants. »

Malheureusement, comme on dit, « toutes les belles choses ont une fin… ». J’arrive donc péniblement à ma dernière journée de stage à la Cité Écologique. Mais vous vous doutez bien, que sachant que mon article s’intitule « Mon intégration dans un écovillage », l’histoire ne s’arrête pas là.

C’est donc en France, après 10 mois, de fin d’études, de début de projets, d’expériences diverses, parsemés de réussites et d’échecs, que je réalise que mon cœur est restée au Québec, et que je dois essayer de réaliser ce qu’il me souffle.

Me voilà donc le 30 mai 2014, de retour à la Cité Écologique de Ham-Nord, pour un an ! Cette année sera décisive pour moi. Elle permet à une personne qui veut s’intégrer à l’écovillage de découvrir toutes les facettes de la vie en communauté (les avantages comme les défis) et permet aussi, aux membres, de voir si la connexion, avec le nouvel arrivant, est harmonieuse.

C’est donc le 30 mai 2014, que j’estime que ma nouvelle vie à commencer ! Je passerai l’été à aider la ferme, et l’hiver à aider Nébesna dans ses projets de formation en développement durable. Je vais aussi, commencer une relation avec l’homme de ma vie, Ugo, qui a passé une partie de son enfance à l’écovillage puis qui était parti vivre avec son père à Québec. C’est donc par le plus grand des destins, qu’il a décidé de revenir vivre dans l’écovillage de sa jeunesse, en 2013, la première année où j’ai fait mon stage. Il est maintenant, le responsable marketing et ventes de la compagnie Respecterre.

Je vais donc passer par beaucoup d’émotions. Un grand bonheur initial sera plus tard teinté, d’une certaine nostalgie de mon pays natale, et de défis humains, liés à une vie pratiquement 24h/24 avec 80 personnes de 3 à 75 ans, de caractères variés !  Aujourd’hui, après trois ans à la Cité Écologique, ces défis sont toujours là, mais, je vous dirai sincèrement, qu’ils ne sont qu’une goutte d’eau face à la vague d’amour, de joie et de vitalité que je reçois chaque jour. Ici, je me sens, de plus en plus, comme si j’étais dans une « grande famille ».

À la fin de cette première année, j’ai donc fait une demande à cette grande famille, à ma nouvelle famille, pour devenir un membre officiel de l’écovillage avec tous les droits et devoirs que cela implique : entre autres, assister aux Assemblées des Membres (où les résidents prennent des décisions divers et variés sur leur vie quotidienne, leurs valeurs, leurs nouveaux projets etc.), joindre des comités de gestion (qui peuvent aller de la gestion des achats de mobiliers pour les bâtiments communautaires à un comité d’entreprise), être embauchée à un poste fixe dans une des entreprises et contribuer au budget des biens et services communautaires.

Cela fait donc deux ans que je suis membre de la Cité Écologique de Ham-Nord. Dans ces deux années, j’ai eu le temps d’expérimenter différents secteurs d’activités : à la ferme, au tourisme avec Nébesna, à Respecterre pour des salons de vente (avec mon cher et tendre),  à la livraison à Kheops, et à l’école pour diverses activités parascolaires. J’ai aussi, eu l’occasion, d’inviter mes parents à découvrir mon nouveau mode de vie. Je pense qu’ils sont d’accord avec mes choix et aiment l’endroit, car ils reviennent chaque été ! Et le 5 juillet 2015, ils ont même assisté à mon mariage avec mon cher Ugo. Alors comme je vous le disais, la Cité Écologique a vraiment changé ma vie !

Aujourd’hui, nous sommes le 10 juillet 2017. Je travaille à Kheops, à la livraison de colis, depuis presque 1 an, dans une ambiance de travail merveilleuse, entourée de collègues joyeux, aimants et respectueux des forces et des faiblesses de chacun. Dans mes temps libres, j’en profite pour m’investir dans les projets avec les enfants : je fais des temps bénévoles au jardin d’enfants où je m’occupe de quatre adorables trésors, organise des activités parascolaires pour certains plus grands et participe aux comités pédagogiques pour des projets éducatifs dans l’écovillage.

Et alors que je pensais que mon bonheur ne pouvait être plus grand, je vous annonce, en ce jour, que je suis enceinte d’un petit garçon qui arrivera en décembre ! Alors quoi rajouter… Je vous encourage à essayer une expérience de vie dans une communauté, tellement les échanges quotidiens sont enrichissants ! Et oui, je vais continuer à m’investir dans ce merveilleux projet pour que mon fils puisse bénéficier de la qualité de ce mode de vie, aussi longtemps qu’il le voudra ! »

  

 

2 avis sur « Mon intégration dans un écovillage »

  1. Je trouve que c’est magnifique. C’est une expérience très inspirante pour un monde plus équitable, plus épanoui, plus solidaire.
    C’est tellement différent de ce que nous vivons aujourd’hui : compétition, jalousie, rivalité, individualisme, chasse à l’argent, au pouvoir, diktat des banques et j’en passe…
    J’habite au Maroc et un modèle de vie comme celui là pourrait nous préserver contre les dérives d’une société de plus en plus égoïste

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