Voyage à Findhorn Fondation en Écosse

Nébesna Fortin – agente de développement durable de la Cité Écologique

Nous sommes à l’automne 2014. Le temps est pluvieux, mais des rayons de soleil percent à l’horizon. D’une oreille un peu endormie, j’écoute le roulement du train sur les rails. Cela fait une douzaine d’heures que je suis en voyage, et j’entame la dernière partie du trajet en direction du nord-est de l’Écosse. À l’horizon se dessinent des collines verdoyantes parsemées de troupeaux de moutons, quelques grands arbres et des falaises escarpées. Arrivée à la ville Forest, un autobus me conduit au petit village maritime de Findhorn. Coincé entre la baie et la mer, celui-ci se dessine sur les collines sablonneuses.C’est une salle comble où se rassemblent près de 300 personnes qui m’accueillent dans l’amphithéâtre de l’écovillage. C’est la dernière journée de la rencontre ‘’New-Story Summit’’. Les participants discutent de la transition vers un Nouveau Monde où l’homme joue un rôle de gardien de la Nature et travaille à restaurer l’environnement. Un monde où l’on honore la diversité des cultures, où l’éducation, l’alimentation et les technologies sont accessibles à tous… Non, lors de cette rencontre on ne fait pas que rêver, on échange les meilleures pratiques qui ont faites leurs preuves, on parle de solutions, on participe à des ateliers de réconciliation entre peuples, entre groupes et générations. On met la main à la pâte et on repart avec des devoirs et des projets pour concrètement augmenter notre qualité de vie tout en réduisant notre empreinte écologique. Wow, c’est tellement motivant !

De plus, une surprise m’attend. Dans la salle comble, quelques visages familiers se démarquent. Un groupe d’amis, rencontrés deux ans auparavant dans un écovillage en Suisse, sont présents ! Quelle joie de revoir tout ce beau monde ! Entre autres, il y a une jeune dame de la Corée, une de la Thaïlande, un frère du Sénégal, un jeune homme qui a grandi dans cet écovillage, des Américains du nord et du sud… Nous nous rassemblons avec quelques nouveaux amis pour échanger sur nos expériences et voyages respectifs. En fin de soirée, tous se dirigent pour la nuit vers le parc à roulottes où l’écovillage a pris forme en 1962.

Le lendemain, c’est déjà le moment de dire au revoir à tous et d’accueillir de nouveaux visages, car le cours EDE débute.  C’est ce programme qui m’a amené à visiter cet écovillage légendaire qui forme une communauté d’environ 500 personnes. Tout au long des cinq semaines de formation qui suivent, j’ai la chance de découvrir cet endroit magnifique. Originellement reconnu internationalement pour ses jardins, l’écovillage se démarque aujourd’hui par son système de traitement des eaux usées, son parc éolien et ses constructions révolutionnaires.

Le secret de la réussite de ces jardins luxuriants repose sur la connexion avec les dévas qui habitent la région. Nombreux ouvrages et articles expliquent cette relation privilégiée et unique (voir le livre les jardins de Findhorn). Originellement, cette inspiration était principalement guidée par les trois fondateurs, Eileen Caddy, Peter Caddy et Dorothy Maclean.  Aujourd’hui, nous pouvons admirer leur travail remarquable en constatant qu’ils ont réellement revitalisé cette parcelle de terre sablonneuse. Une multitude de fleurs, d’arbres, de jardins maraîchers ont changé l’endroit en oasis nourricier et en paradis des oiseaux.

Dans une grande serre se trouve la ‘’Living Machine’’ pour traiter les eaux usées. Cette technologie utilise les microorganismes présents dans les racines pour filtrer l’eau. C’est réellement un endroit à voir et une technique à étudier. J’avoue être un peu sceptique, mais franchement, on voit et sent l’eau qui sort de la serre et c’est impressionnant comme elle est belle ! Lors du cours, nous avons même pu expérimenter et construire notre propre petit système de filtration !
Les énergies utilisées à l’écovillage viennent de diverses sources renouvelables, mais la principale production se fait avec les trois éoliennes qui sont gérées par une coopérative démarrée par les résidents.
Les maisons ! Oui, on pourrait en parler longtemps. Les habitants de l’écovillage de Findhorn ont réellement expérimenté tous les concepts de bâtiments écologiques. Voici une petite liste de techniques utilisées, pour ne nommer que celles-ci : orientation solaire passive, super isolation,  matériaux locaux, nouvelles technologies de pointe, serre sur la façade sud, maison minimaliste, habitations groupées, réutilisation de barils de whisky ! Un véritable laboratoire pour les amateurs de construction.

De plus, on y retrouve plusieurs entreprises sur place, un système d’argent local, une flotte de véhicules partagés, une école, un centre d’art, des ateliers pour revaloriser et créer des objets, un centre communautaire, une cuisine collective… En plus de toutes ces belles découvertes sur le terrain, le cours nous fait voyager. Écrit par le réseau Gaia Education, le programme s’inspire de réalisations et de solutions proposées par une multitude de communautés à l’international. On y visite les concepts du développement durable sous quatre volets principaux, écologique, social, économique et culturel. C’est une expérience des plus enrichissantes !
La tête remplie d’idées, je reviens au pays et j’enclenche directement les démarches pour offrir le premier cours EDE du Canada. À l’été 2015, la Cité Écologique est l’hôte du premier cours EDE offert en français.

Aujourd’hui, avec l’équipe de la Cité Écologique, on se prépare à offrir la troisième édition québécoise du cours EDE qui débutera le 7 juillet. Mon souhait : inspirer ne serait-ce qu’un des participants à poursuivre cette belle aventure dans son coin de pays !

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