Des remèdes face à la déprime hivernale !

Charles Marceau-Cotton – membre de la Cité Écologique depuis 2015

«Avec juste un peu plus d’un an de vie à la Cité Écologique, je suis le nouveau de la place! Mettre les pieds dans une telle communauté et, surtout, décider de s’y établir possède son lot de beaux moments, mais aussi de défis de toutes sortes. Je vous propose donc, à travers ces textes, mes vues sur différents aspects de la vie en communauté et d’observations personnelles sur le fossé qui existe parfois entre la société « mainstream » et l’écovillage.»

Durant presque toute ma vie, j’ai vécu soit en ville ou en banlieue. Comme bien des gens dans la même situation que moi, l’hiver a plus souvent qu’autrement été une source d’écœurement, de déprime. « Ah, si nos hivers étaient plus courts! » « Ah, si nos hivers étaient moins rudes! » « Ah, si nos hivers ne rendaient pas le transport si lourd! ». Combien de fois ai-je entendu cela, ou l’ai-je moi-même récité! Un jour pas si lointain, mon père m’a avoué qu’à chaque début d’hiver, il rentrait dans une petite déprime saisonnière : une baisse d’énergie, un désir d’hiberner et de ne se réveiller qu’à l’aube de l’été. Bon j’exagère un peu, mais ça résume quand même bien ce que plusieurs d’entre nous ressentons durant la saison morte. J’en étais moi-même venu à accepter ce sentiment et cet état d’être comme une fatalité de ma génétique familiale (« si mon père se sent ainsi, comment pourrais-je me sentir autrement?! »).

Mais étant jeune et idéaliste, j’ai refusé de me laisser allé à cette idée de la fatalité. « Que pourrais-je bien faire pour contrer cette mauvaise invention? » pensais-je. Dans un éclair de génie, je me suis acheté un billet d’avion à prix d’aubaine, direction Guadalajara au Mexique! Pas un billet d’une semaine, ni même deux. Plutôt un billet aller-simple! Un périple qui durera finalement deux hivers et qui, au travers de divers expériences sur des fermes écologiques, me permettra de faire le plein de chaud soleil et d’apprécier finalement la période hivernale. C’était bien pour le temps que ça a duré, vous n’aurez certainement pas de mal à l’imaginer. Mais jeunesse passe et la réalité fini par revenir nous chercher. Je suis de retour au Québec depuis maintenant deux hivers… et mis à part la transition du retour, je peux affirmer avec conviction que je traverse les deux plus belles saisons hivernales de ma vie et que j’ai réussi à apprécier ce que mère nature nous offre au Québec!

Comment en suis-je venu à apprécier l’hiver? Et comment pourrais-je vous le faire apprécier plus? Bien tout d’abord, je dois vous dire que je vis maintenant à la campagne, à la Cité Écologique pour être plus précis. Le fait d’être en nature y est donc beaucoup dans la nouvelle flamme qui est née entre l’hiver et moi. Plusieurs études l’ont démontré, « la nature laisse le cerveau conscient se reposer, restaure l’attention et diminue l’anxiété » (Dre. Melissa Lem). Que ce soit pour quelques minutes, ou quelques jours, elle offre une pause dans notre quotidien surchargé, et nous permet d’apprécier toute la beauté et la simplicité de la vie. C’est quelque chose que nous oublions et négligeons souvent de nos jours. De nouvelles études arrivent même à la conclusion que de passer du temps dans la nature est plus bénéfique que de faire du sport.

Mais tant qu’à être dehors, pourquoi ne pas le vivre pleinement! Lorsque j’étais en ville, je restais souvent enfermé dans mon cocon sous prétexte qu’il faisait trop froid, que c’était trop glissant ou encore qu’il n’y avait rien d’intéressant à vivre dehors. Et pourtant, aujourd’hui, aller « jouer » dehors est un plaisir et fait partie de mon équilibre quotidien. Moi qui n’était pas un joggeur, et encore moins l’hiver, je me plais à présent à aller courir presque quotidiennement sur les sentiers enneigés qui bordent notre terrain; ou encore, à enfiler mes raquettes et me perdre dans la forêt, de jour… comme de nuit, avec une gang de la communauté, à descendre à flanc de montagne un sous-bois rempli de sapins enneigés, à la lueur de nos lampes frontales ou de la pleine lune; ou pourquoi pas à jouer une partie de hockey ou de ballon balai. Vous me répliquerez que c’est bien beau cela mais qu’il faut vivre en nature pour cela. C’est sans doute plus agréable, j’en conviens. Mais pour la plupart des gens, il n’est pas si difficile de trouver un espace de nature à proximité : une montagne, un parc, le long d’un cours d’eau, un quartier vert.

Le fait de passer du temps dehors l’hiver (de manière contemplative aussi bien qu’en y faisant une activité quelconque ou un sport) emmène un autre effet hautement bénéfique : il apporte à notre corps sa principale source de vitamine D, à travers le rayonnement du soleil. Trop souvent négligée, de plus en plus d’études tendent à démontrer son rôle vital tant pour notre corps que pour notre cerveau. En plus de contrôler les taux de calcium et de phosphore, elle jouerait un rôle sur certaines maladies cognitives et neurodégénératives (démences, Alzheimer), le diabète, le manque de sommeil, certains types de cancer, et bien d’autres (Dr. Gaétan Brouillard, La santé repensée). De récentes études ont justement démontrées qu’un haut pourcentage des populations nord-américaines souffrent actuellement d’un manque de cette vitamine. L’anecdote d’un ami l’autre jour illustrait à merveille cette pensée : à l’époque, pour punir un enfant, les parents lui demandaient de rentrer de dehors et de s’en aller dans sa chambre; aujourd’hui, on punit un enfant en l’envoyant jouer dehors!  Peu de gens le savent, mais 95% de nos réserves de vitamine D nous viennent du soleil, la nourriture en contenant peu naturellement. Déjà que la période d’ensoleillement est plus courte en hiver, si on ne pointe pas le bout du nez dehors quelques minutes quotidiennement, on se prive donc de notre principale source de vitamine D! Et cet apport de soleil a non seulement un effet sur notre corps, mais est aussi une source de réconfort et de bien-être qui a le pouvoir de réduire notre déprime hivernale.

Alors, pourquoi ne pas profiter de quelques minutes quotidiennement à aller prendre l’air, à contempler les arbres et les quelques oiseaux qui jaugent leurs branches, à regarder le coucher du soleil, à marcher entre amis ou aller faire un bon sport ?!

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